Benvenue sur le site Napoléon Bonaparte Ier

Imper.png

9 mai 2014

Le Cinq Mai de Alessandro Manzoni



Le Cinq Mai - Alessandro Manzoni
(Traduction par Yves Branca )

Il n'est plus. Tout comme, immobile,

apres le dernier soupir,

resta le corps sans connaissance

vidé d'un si grand souffle,


de meme, abattue, interdite,

reste, a cette annonce, la terre,

muette, pensant a la derniere

heure de cet homme fatal;

et ne sait si jamais semblable

vestige de pied mortel

sa poussiere imprégnée de sang

fouler encore viendra.

Lorsqu'il fulgurait sur le trône,

le vit mon esprit, et se tut;

quand, frappé d'un sort obstiné,

il chut, ressurgit, s'abattit,

au vacarme de tant de voix

je n'ai pas melé la mienne:

pur de servilité flatteuse

et de lâcheté outrageuse,

il prend l'essor lorsque soudain

s'éteint tant de rayonnement;

et vers l'urne il libere un hymne

qui peut-etre ne mourra pas.

Des Alpes jusqu'aux Pyramides,

du Manzanares au Rhin,

de cette sureté la foudre

succédait sitôt a l'éclair;

frappa de Scylla jusqu'au Don,

de l'une a l'autre mer.

Fut-ce vraie gloire? A nos neveux

l'ardue sentence: pour nous,

courbons le front vers le Supreme

Auteur, qui voulut en lui

de son esprit créateur

marquer une plus vaste empreinte.

La tempétueuse, l'inquiete

joie d'un grand dessein,

l'angoisse d'un coeur indocile

qui sert, mais qui aspire au trône;

et l'atteint, et saisit un prix

qu 'il était folie d 'espérer;

Il éprouva tout, lui: la gloire

plus haute apres tant de périls:

la fuite, et puis la victoire,

le regne encor, le triste exil:

deux fois tombé dans la poussiere,

deux fois monté sur l'autel.

Il dit son nom: deux siec1es,

l'un contre l'autre armé,

soumis vers lui se tournerent,

comme en attente du Décret;

lui fit silence, et en arbitre

il vint s'asseoir au milieu d'eux.

Et il disparut, et ses jours oisifs

ferma dans ces rives bornées,

mire d'infinie rancune,

et de pitié profonde,

d 'inextinguible haine

et d'indomptable amour.

Comme sur la tete du naufragé

l'onde tourbillonne et l'enfonce,

l'onde ou tantôt le malheureux

dominait d'un regard intense,

la parcourant pour discerner

des proies lointaines vainement;

ainsi sur cette âme la nuée

des souvenirs descendit!

Ah, que de fois a nos neveux

il voulut se conter lui-meme,

et sur ces pages immortelles

retomba sa main lasse!

Ah, que de fois, dans la muette

mort d'une journée inerte,

inclinant ses rais fulminants,

les bras croisés sur sa poitrine,

il s'arreta, des jours passés

assailli par le souvenir!

Et il repensa au lever

des camps, et aux tranchées battues,

a l'étincellement des armées,

aux vagues de cavalerie,

a l'impétueux commandement,

a la rapide obéissance.

Las! Peut-etre qu 'un tel martyre

abattit son esprit d'angoisse,

et qu 'il désespéra; mais puissante

vint a lui une main du ciel

et dans des airs plus respirables

par sa pitié le transporta;

et l'envoya parmi les fleurs

des beaux sentiers de l'espérance,

aux champs éternels, vers le prix

qui tous les désirs devance,

la ou est silence et ténebres

cette gloire qui passa.

Belle immortelle! Bienfaisante

foi au triomphe accoutumée!

Ecris encor celui-ci, réjouis-toi;

car plus orgueilleuse hauteur

vers l'infamie du Golgotha

jamais ne s'inclina.

Foi, de ces cendres fatiguées

chasse toute ignoble parole:

le Dieu qui terrasse et releve,

qui accable, et qui console

sur cette couche abandonnée

a côté de lui s'arreta.

Juillet 1821

(Ecrit en trois jours par Manzoni, aussitôt qu'il eut appris la

nouvelle de la mort de Napoléon, par la "Gazette de Milan".)


Il Cinque Maggio di Alessandro Manzoni

Ei fu. Siccome immobile, 
dato il mortal sospiro, 
stette la spoglia immemore 
orba di tanto spiro, 
così percossa, attonita 
la terra al nunzio sta, 

muta pensando all'ultima 
ora dell'uom fatale; 
né sa quando una simile 
orma di pie' mortale 
la sua cruenta polvere 
a calpestar verrà. 

Lui folgorante in solio 
vide il mio genio e tacque; 
quando, con vece assidua, 
cadde, risorse e giacque, 
di mille voci al sonito 
mista la sua non ha: 

vergin di servo encomio 
e di codardo oltraggio, 
sorge or commosso al subito 
sparir di tanto raggio; 
e scioglie all'urna un cantico 
che forse non morrà. 

Dall'Alpi alle Piramidi, 
dal Manzanarre al Reno, 
di quel securo il fulmine 
tenea dietro al baleno; 
scoppiò da Scilla al Tanai, 
dall'uno all'altro mar. 

Fu vera gloria? Ai posteri 
l'ardua sentenza: nui 
chiniam la fronte al Massimo 
Fattor, che volle in lui 
del creator suo spirito 
più vasta orma stampar. 

La procellosa e trepida 
gioia d'un gran disegno, 
l'ansia d'un cor che indocile 
serve, pensando al regno; 
e il giunge, e tiene un premio 
ch'era follia sperar; 

tutto ei provò: la gloria 
maggior dopo il periglio, 
la fuga e la vittoria, 
la reggia e il tristo esiglio; 
due volte nella polvere, 
due volte sull'altar. 

Ei si nomò: due secoli, 
l'un contro l'altro armato, 
sommessi a lui si volsero, 
come aspettando il fato; 
ei fe' silenzio, ed arbitro 
s'assise in mezzo a lor. 

E sparve, e i dì nell'ozio 
chiuse in sì breve sponda, 
segno d'immensa invidia 
e di pietà profonda, 
d'inestinguibil odio 
e d'indomato amor. 

Come sul capo al naufrago 
l'onda s'avvolve e pesa, 
l'onda su cui del misero, 
alta pur dianzi e tesa, 
scorrea la vista a scernere 
prode remote invan; 

tal su quell'alma il cumulo 
delle memorie scese. 
Oh quante volte ai posteri 
narrar se stesso imprese, 
e sull'eterne pagine 
cadde la stanca man! 

Oh quante volte, al tacito 
morir d'un giorno inerte, 
chinati i rai fulminei, 
le braccia al sen conserte, 
stette, e dei dì che furono 
l'assalse il sovvenir! 

E ripensò le mobili 
tende, e i percossi valli, 
e il lampo de' manipoli, 
e l'onda dei cavalli, 
e il concitato imperio 
e il celere ubbidir. 

Ahi! forse a tanto strazio 
cadde lo spirto anelo, 
e disperò; ma valida 
venne una man dal cielo, 
e in più spirabil aere 
pietosa il trasportò; 

e l'avvïò, pei floridi 
sentier della speranza, 
ai campi eterni, al premio 
che i desideri avanza, 
dov'è silenzio e tenebre 
la gloria che passò. 

Bella Immortal! Benefica 
Fede ai trïonfi avvezza! 
Scrivi ancor questo, allegrati; 
che più superba altezza 
al disonor del Golgota 
giammai non si chinò. 

Tu dalle stanche ceneri 
sperdi ogni ria parola: 
il Dio che atterra e suscita, 
che affanna e che consola, 
sulla deserta coltrice 
accanto a lui posò.