La Première Coalition est une alliance formée entre 1792 et 1797 par les puissances européennes contre le royaume de France puis contre la République française.
Le royaume de France, en pleine période de réformes radicales institutionnelles, prend l'initiative d'un conflit en déclarant la guerre au roi de Bohême et de Hongrie le 20 avril 1792.
Peu après, la France envahit les 29 et 30 avril 1792 le territoire des Pays-Bas autrichiens, attaquant sans succès Quiévrain et Mons en même temps que Tournai (combat de Marquain).
Les puissances européennes, qui ne désiraient pas s'occuper des troubles intérieurs du royaume de France, sont ainsi obligées de réagir.
Après le but avoué de la Convention d'exporter la Révolution, l'invasion des Pays-Bas autrichiens et des Provinces-Unies par les armées françaises, l'exécution de Louis XVI en janvier 1793 et l'offensive française sur l'Escaut, sous la menace une coalition militaire est formée par plusieurs États européens :
le royaume de Grande-Bretagne ;
le royaume de Sardaigne ;
le royaume d'Espagne ;
le royaume de Sicile (Naples) ;
le royaume de Prusse (jusqu'en 1795) ;
le Saint-Empire ;
le royaume de Bohème, possession de la maison d'Autriche ;
le royaume de Hongrie, possession de la maison d'Autriche ;
les Provinces-Unies ;
le royaume de Portugal.
L'origine du conflit
Ce conflit trouve son origine dans les bouleversements de la Révolution française, qui a commencé il y a trois ans, le 5 mai 1789. Cette révolution, même si elle inquiète certaines monarchies, par les idées qu'elle véhicule, est loin de provoquer une guerre dans la mesure où les cours européennes y voient un affaiblissement de la France. Les Constituants ne désirent pas la guerre et font tout pour rassurer les grandes puissances, même si l'annexion du Comtat Venaissin — après que ses représentants l'ont demandée au cours de l'assemblée du 18 août 1791 — et l'abolition des droits féodaux froissent les États pontificaux et les seigneurs allemands qui disposent de fiefs en France. Louis XVI, pourtant, frustré de la perte de ses pouvoirs absolus, ne cesse de réclamer de l'aide aux souverains étrangers, et notamment auprès du Saint-Empire, d'où est originaire sa femme Marie-Antoinette. Il est soutenu dans ses demandes par les princes émigrés qui se massent aux frontières du royaume. L'idée d'une intervention militaire contre la France fait progressivement son chemin et s'accélère après la tentative de fuite du roi le 20 juin 1791. Léopold de Habsbourg et Frédéric-Guillaume II de Prusse publient la déclaration de Pillnitz le 27 août 1791, dans laquelle ils invitent les autres États à se joindre à eux contre la Révolution. La neutralité britannique bloque la situation mais elle provoque des tensions en France.
Les Girondins, qui constituent une part importante des députés de la nouvelle Assemblée législative, ne sont pas hostiles à une guerre contre le Saint-Empire pour plusieurs raisons. Ils désirent exporter les idées révolutionnaires et « libérer » les autres peuples du joug des souverains et de l'aristocratie. Ils espèrent également résorber la crise économique et éloigner l'opinion publique de cette même crise en l'orientant vers les menaces extérieures. Seul Robespierre et les démocrates s'opposent à la guerre car ils ont bien compris le rôle de la Cour et que cette dernière ne veut la guerre que pour recouvrer la puissance perdue. Le 25 mars 1792, la France lance un ultimatum à l'Empereur, lui enjoignant de dénoncer son accord avec la Prusse, qui marque une intention belliciste à son égard. L'Empereur ne répond pas, si bien que la France déclare la guerre au « roi de Hongrie et de Bohême » le 20 avril 1792. La Prusse, conformément à l'accord précédent, déclare la guerre à la France le 20 mai 1792.
Les offensives françaises
Les armées alliées sont inférieures en nombre mais elles peuvent compter sur une armée française désorganisée avec la fuite des émigrés, la faiblesse de l'état-major et l'insuffisance de l'équipement et de l'armement. Après la prise de Porrentruy le 28 avril 1792, une première offensive française sur les Pays-Bas autrichiens se solde par un échec total car à la vue de l'ennemi, les généraux Theobald de Dillon et Biron ordonnent la retraite. Dillon est massacré par ses troupes et les Impériaux entament le siège de Lille. En réponse au Manifeste de Brunswick le 11 juillet, l'Assemblée législative proclame la patrie en danger. Le duc de Brunswick lance un appel au peuple parisien, le menaçant de destruction s'il était fait le moindre outrage à la famille royale, ce qui n'a pour effet que de galvaniser la ferveur patriotique et révolutionnaire. Une insurrection le 10 août 1792 balaye la monarchie. Le 19 août, Brunswick pénètre en France et prend Longwy. Verdun est prise à son tour le 2 septembre. Dumouriez tente de résister à l'avance des alliés mais en vain. Ses lignes sont percées et il se retire vers le sud. La route de Paris est ouverte pour les alliés mais l'armée de Dumouriez rejoint l'armée de Metz, commandée par Kellermann. Le duc de Brunswick, ne pouvant laisser des troupes ennemies sur ses arrières, décide d'attaquer mais il est stoppé le 20 septembre à la bataille de Valmy. Cette dernière est davantage une victoire morale que stratégique mais elle provoque tout de même le retrait de l'armée prussienne. La France recouvre Verdun et Longwy.
La République est proclamée le lendemain de la victoire de Valmy et transforme un peu plus le conflit en conflit idéologique. Les armées françaises lancent l'offensive sur tous les fronts. Au sud, l'armée du Var, sous le commandement du général Jacques Bernard d'Anselme, entre à Nice le 29 septembre 1792. Montesquiou libère la Savoie. Custine lance l'offensive sur le Rhin et s'empare de Spire le 25 septembre, Worms le 5 octobre, Mayence le 21 octobre et Francfort le 23 octobre. Au nord, Dumouriez contraint les Autrichiens à la retraite et entre aux Pays-Bas autrichiens. Il remporte une victoire à Jemappes, près de Mons, ce qui lui permet de conquérir l'ensemble des Pays-Bas en novembre. Ces derniers se posent la question d'une guerre de libération ou d'une guerre de conquête. La question est tranchée dans le sens de l'annexion, seule possibilité de « libération des peuples opprimés ». C'est ainsi que la Savoie est annexée le 27 novembre 1792, puis le comté de Nice le 31 janvier 1793, la principauté de Salm le 2 mars, l'évêché de Bâle le 23 mars et enfin la Belgique le 30 mars.
La formation de la coalition et les contre-offensives des coalisés
La récente agressivité de la République française provoque un changement d'attitude au sein des cours européennes. Les tensions s'enveniment avec l'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793. La Grande-Bretagne avait bien accueilli au départ les événements en France. Mais rapidement, elle revient à sa politique d'équilibre européen lorsque la France multiplie les annexions. L'intégration de la Belgique et l'ouverture de l'Escaut donnent des arguments aux partisans de la guerre en Grande-Bretagne. Londres ne peut supporter que la place financière d'Anvers soit aux mains des Français. Le 24 janvier 1793, l'ambassadeur français à Londres, Chauvelin, est sommé de quitter le pays. En France aussi, les partisans de la guerre contre la Grande-Bretagne sont nombreux. Ils redoutent la concurrence économique, commerciale et coloniale britannique. Le 1er février 1793, la Convention déclare la guerre à la Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies. La France voit dans un conflit avec cette dernière un moyen de mettre la main sur la Banque d'Amsterdam. La Grande-Bretagne s'entend rapidement avec la Russie pour interdire l'importation de grain de France. N'ayant pas d'armée, elle signe des traités avec les princes allemands pour qu'ils puissent lever des armées. La politique extérieure britannique reste identique pendant le long conflit qui l'occupe contre la France : versement de subsides aux puissances continentales afin qu'elles lèvent des armées contre la France pendant que la Marine britannique tente d'asphyxier la France par blocus et la prise de colonies. Une fois la Grande-Bretagne intégrée dans le conflit, les autres puissances ne tardent pas à suivre. L'Espagne rompt ses relations diplomatiques avec la République française qui lui déclare la guerre le 7 mars. Les États pontificaux, Naples, les duchés de Parme et Modène, la Toscane et le Portugal ne tardent pas à suivre. Pourtant ces États ne sont pas liés au sein d'une grande coalition mais sont liés à la Grande-Bretagne par des traités bilatéraux.
La levée en masse pour faire face à cette formidable coalition provoque des troubles internes qui se terminent par une véritable guerre civile en Vendée. La République française doit donc faire face sur deux fronts. En février, Dumouriez lance l'offensive en Hollande et prend Bréda mais l'armée autrichienne commandée par Cobourg pénètre en Belgique en mars. Devant l'avance rapide de ce dernier, Dumouriez se replie vers le sud et affronte le général autrichien à Neerwinden le 18 mars où il est battu et une nouvelle fois à Louvain le 21 mars. Dumouriez entame des tractations avec Cobourg et lui livre la Belgique. Il avait l'ambition de retourner son armée contre Paris afin de restaurer la Constitution de 1791. Devant le refus des soldats de le suivre, il se range aux côtés des Autrichiens. La Belgique est perdue pour la France. Le 25 mars, Brunswick franchit le Rhin et refoule l'armée de Custine vers le sud. Il reprend Worms et Spire et vient mettre le siège devant Mayence. En avril, les coalisés se retrouvent en conférence à Anvers. Ils désirent restaurer la monarchie absolue en France et obtenir des indemnités territoriales.
L'offensive se poursuit désormais sur tous les fronts. Au nord, les Autrichiens s'emparent de Condé le 10 juillet, de Valenciennes le 28 juillet puis de Le Quesnoy et Maubeuge, s'ouvrant ainsi la route de Paris. Le 28 juillet, Mayence, défendue par Kléber et Merlin de Thionville, finit par capituler devant les Prussiens, qui viennent mettre le siège devant Landau. Au sud, les Piémontais envahissent la Savoie et les Espagnols franchissent la frontière en direction de Perpignan et de Bayonne. Les armées républicaines reculent sur tous les fronts. Le duc d'York qui commande 20 000 Hanovriens et 15 000 Hollandais, se dirige vers Dunkerque.
Le sursaut français et la dislocation de la coalition
Les mesures radicales prises par le gouvernement révolutionnaire ainsi que le manque de coordination des coalisés permirent d'éloigner le danger d'une invasion. Les Français groupent leurs forces dans le nord et passent à l'offensive. Dunkerque est libérée. Houchard remporte une victoire sur les Autrichiens de Freytag à Hondschoote du 6 au 8 septembre 1793 mais il ne parvient pas à couper la retraite des troupes du duc d'York. Il est battu peu de temps après à Menin si bien qu'il est destitué et guillotiné. Jourdan remplace Houchard et remporte une nouvelle victoire à Wattignies le 16 octobre qui permet la libération de Maubeuge. Ces victoires éloignent seulement la menace autrichienne. Les Autrichiens se replient sur Mons. À l'est, Hoche force les lignes de Wurmser à Wissembourg, débloque Landau le 29 décembre, et relance l'offensive en Rhénanie. Les Prussiens retraitent sur Mayence tandis que les Autrichiens repassent le Rhin. Au sud, Kellermann reconquiert la Savoie en octobre. Les Espagnols sont également repoussés à l'ouest et à l'est des Pyrénées. Le 19 décembre, le général Dugommier, assisté de Napoléon Bonaparte, libère Toulon où les coalisés avaient débarqués pendant l'été. À la fin de l'année 1793, le territoire français est entièrement libéré.
Les armées françaises vont relancer l'offensive en 1794. Elle profite des dissensions des alliés. En effet, la Prusse désire quitter la coalition. La Grande-Bretagne prend en charge financièrement une armée de 62 000 hommes mais cette dernière ne bouge pas. La Prusse s'inquiète davantage de l'avancée de l'armée russe en Pologne. Elle ne souhaite pas être évincée du partage de la Pologne. Au nord, la France dispose de trois armées : l'armée du Nord commandée par Pichegru, l'armée des Ardennes et l'armée de la Moselle commandée par Jourdan. Pichegru ne peut empêcher Cobourg de prendre Landrecies mais il le bat à Tourcoing le 18 mai 1794. Jourdan prend le commandement des deux dernières armées et se lance sur Charleroi qui capitule le 25 juin tandis que Cobourg est une nouvelle fois battu par Pichegru à Ypres. Il attaque Jourdan pour protéger ses arrières mais il est battu à Fleurus le 26 juin. Cette victoire permet la libération de la Belgique. Pichegru refoule les Anglo-Hollandais vers le nord tandis que Jourdan refoule les Autrichiens vers l'est. Le 27 juillet, le premier parvient à Anvers et le second parvient à Liège. Au sud, Dugommier passe à l'offensive en Catalogne et Moncey au Pays basque. Ce dernier s'empare de Saint-Sébastien le 25 juillet. Sur mer, la France ne peut guère résister à la puissante marine britannique. Cette dernière domine sans conteste la mer Méditerranée et s'empare d'ailleurs de la Corse. Dans l'Atlantique, la flotte de Villaret-Joyeuse, se permet une sortie pour protéger un convoi de blé en provenance des États-Unis. Elle affronte la flotte de Howe au large d'Ouessant du 28 mai au 1er juin et connaît de lourdes pertes mais permet le passage du convoi. Les Britanniques tentent de grignoter les restes de l'Empire colonial français et s'emparent de Saint-Domingue et de la Martinique.
Jourdan poursuit l'offensive en Rhénanie et conquiert la rive gauche du Rhin. Devant le manque de réaction de l'armée prussienne, la Grande-Bretagne supprime les subsides le 17 octobre 1794, si bien que le roi de Prusse négocie un armistice avec la France en novembre. Au nord, Pichegru poursuit les Hollandais et les Anglo-Hanovriens qui se sont retirés à l'embouchure du Rhin. Il occupe Maastricht et profite de l'hiver pour franchir la Meuse et les bras du Rhin glacé. Il conquiert la Hollande et s'empare de la flotte hollandaise bloquée dans les glaces au Helder en janvier 1795. La défaite face à la France provoque un changement de régime et la proclamation de la République batave. Le 19 février 1795, la Toscane signe un traité selon lequel elle quitte la coalition. Le 5 avril est signé le traité de Bâle entre Barthélémy pour la France et Hardenberg pour la Prusse. Cette dernière reconnaît l'annexion de la rive gauche du Rhin par la France et cède ainsi le duché de Gueldre et la partie occidentale du duché de Clèves. La France promet secrètement à la Prusse une compensation territoriale à la perte de ces territoires sur la rive droite du Rhin. Le 16 mai 1795, la République batave signe le traité de La Haye avec la France. Elle cède le sud de la Zélande, Maastricht et Venlo, doit payer une armée d'occupation de 25 000 hommes et une indemnité de guerre de 100 millions de florins et s'engage dans la guerre contre la Grande-Bretagne. Cette dernière en profite pour conquérir les colonies hollandaises. En Espagne, la prise de Bilbao par les troupes de Moncey et son avance sur Vittoria, précipite le retrait de l'Espagne de la coalition. Le 22 juillet 1795 est signé le traité de Bâle entre Barthélémy pour la France et Yriarte pour l'Espagne. Cette dernière abandonne la partie espagnole de Saint-Domingue tandis que les troupes françaises se retirent du pays. Seules l'Autriche et la Grande-Bretagne, avec quelques États italiens, restent en guerre contre la France.
L'automne 1795 est moins favorable à la France. Jourdan franchit le Rhin le 6 septembre et refoule Clerfayt mais il est mal soutenu par Pichegru, qui a trahi la cause de la Révolution, si bien qu'il repasse le Rhin devant la contre-offensive de Clerfayt. Ce dernier lance même l'offensive sur le Palatinat en novembre. Le 28 septembre, la Russie intègre la coalition mais les troupes russes n'interviennent pas. La Grande-Bretagne tente un débarquement d'émigrés français sur la presqu'île de Quiberon afin de relancer la guerre de Vendée en octobre 1795 mais son plan est déjoué et le débarquement est un échec. En Italie, en novembre, Masséna remporte la victoire sur les Autrichiens de Wallis et d’Argenteau à Loano.
Campagne de 1792
L'Assemblée, sur une proposition du roi Louis XVI, déclare la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », cette expression désignant l'empereur du Saint-Empire et ses États, lors du vote du 20 avril 1792 après que le ministre des Affaires étrangères, Dumouriez, lui a présenté une longue liste de griefs. Dumouriez prépara une invasion immédiate des Pays-Bas autrichiens où il espérait un soulèvement populaire contre la domination de la maison d'Autriche. Cependant, la Révolution avait profondément désorganisé l'armée et les forces réunies furent insuffisantes pour tenter une invasion. À la suite de la déclaration de guerre, les soldats français désertèrent en masse et, même dans un cas, assassinèrent leur général.
Alors que le gouvernement révolutionnaire lève d'importantes troupes fraîches et réorganise ses armées, qui étaient minées par les désertions et l'émigration, mal instruites et mal disciplinées, une armée alliée, composée de 112 000 hommes (60 000 Prussiens, 32 000 Impériaux, 8 000 Hessois et 12 000 Émigrés10), commandée par Charles-Guillaume-Ferdinand, duc de Brunswick, se rassembla à Coblence sur le Rhin.
Au moment de l'invasion, le général Dumouriez secondé par les généraux Beurnonville, Moreton et Duval dispose de 30 000 hommes dans les camps de Maulde, de Maubeuge et de Lille et 23 000 dans celui de Sedan tandis que le maréchal Luckner avait sous ses ordres le général Biron à Strasbourg avec 20 000 hommes, le général Custine à Landau avec 15 000 hommes et le général Kellermann à Metz avec 20 000 hommes.
En juillet, l'invasion prussienne commence et l'armée de Brunswick prend facilement les forteresses de Longwy le 13 août et de Verdun le 30 août. Le duc avait signé quelques semaines plus tôt le manifeste de Brunswick — rédigé par un noble français de l'émigration, le chevalier de Limon — qui faisait part de la volonté des Alliés de restaurer le roi à son poste, de lui rendre les pleins pouvoirs et de traiter toute personne ou ville qui s'y opposerait comme rebelles passible de la peine de mort par la loi martiale. Cela n'eut pour effet que de renforcer la détermination de l'armée révolutionnaire et le gouvernement de s'y opposer par tous les moyens nécessaires. Le 10 août, la foule prit d'assaut le palais des Tuileries où séjournaient Louis XVI et sa famille.
L'invasion continue, mais à la bataille de Valmy, le 20 septembre, les alliés reculent face à l'armée française menée par Dumouriez et Kellermann. Bien que le résultat de la bataille fut nul tactiquement, il donne un coup de fouet au moral français. En outre, les Prussiens, constatant que la campagne est plus longue et plus coûteuse que prévu, décident que le coût et le risque de poursuite des combats sont trop grands et se retirèrent de France pour préserver leur armée. Le lendemain, la monarchie est officiellement abolie et remplacée par la Première République.
Les Français remportent des succès sur plusieurs autres fronts, occupant la Savoie et Nice, alors en Italie, tandis que le général Custine envahit l'Allemagne, occupe plusieurs villes le long du Rhin et arrive jusqu'à Francfort. Dumouriez passe à l'offensive en Belgique, remportant une grande victoire sur les Impériaux à Jemmapes le 6 novembre et occupant la totalité du pays au début de l'hiver.
Campagne de 1793
Le 21 janvier, Louis XVI est exécuté. L'Espagne et le Portugal rejoignent la coalition anti-française en janvier 1793 et, le 1er février, la France déclare la guerre à la Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies.
La France décrète une nouvelle levée de trois cent mille hommes, commençant une politique de levée en masse pour pouvoir déployer plus de soldats que les États aristocratiques et se montrer offensive afin de récupérer le matériel de guerre de l'ennemi. Les Alliés lancent une campagne déterminée pour envahir la France avec la campagne de Flandres.
La France subit de graves revers au début. Elle est chassée de Belgique et doit faire face à des révoltes internes dans l'Ouest et le Sud du pays. L'une d'entre elles, à Toulon, prépara le terrain pour un capitaine d'artillerie jusque-là inconnu du nom de Napoléon Bonaparte. Sa contribution à la planification du siège victorieux de la ville et de son port grâce à des batteries d'artillerie bien placées fut l'étincelle de sa fulgurante ascension ultérieure.
À la fin de l'année, la levée de nouvelles armées et la Terreur, politique interne de répression féroce avec des exécutions de masse, permettent de repousser les invasions et de réprimer les révoltes. L'année se termine avec les forces françaises ayant l'ascendant mais toujours en guerre à proximité de ses frontières.
Guerre de Vendée
La guerre de Vendée est le nom donné à la guerre civile qui opposa, dans l'Ouest de la France, les républicains (bleus) aux royalistes (blancs), entre l'an I et l'an IV (1793 et 1796) pendant la Révolution française.
Elle fut étroitement liée à la Chouannerie, l'ensemble de ces deux conflits étant parfois désigné sous le nom de « guerres de l'Ouest ». La Chouannerie se déroula sur la rive droite de la Loire, tandis que le soulèvement vendéen eut lieu sur la rive gauche. Le terme Vendée militaire désigne d'ailleurs le territoire insurgé au sud du fleuve.
Comme partout en France, la Vendée a connu des manifestations paysannes entre 1789 et 1792. Mais c'est au moment de la levée en masse de 1793, que la révolte ou rébellion vendéenne, aussi appelée insurrection vendéenne, s'est déclenchée, dans un premier temps comme une jacquerie paysanne classique, avant de prendre la forme d'un mouvement contre-révolutionnaire.
Étalée sur trois années, la guerre a connu plusieurs phases, avec une brève période de paix au printemps 1795. Elle s'est terminée au début de l'année 1796, après avoir fait plus de 200 000 morts et causé de nombreuses destructions.
Campagnes de 1794-1795
L'année 1794 voit un succès accru des armées révolutionnaires. Bien que l'invasion du Piémont ait échoué, la France chasse les armées espagnoles au cours de la guerre du Roussillon et pénètre en Catalogne. Le 26 juin, elle remporte une victoire à Fleurus qui lui permet d'occuper toute la Belgique et la Rhénanie.
En mer, au cours de la bataille du 13 prairial an II, la flotte de l'Atlantique française réussit à faire échouer une tentative britannique d'interdire l'arrivée d'un convoi essentiel de céréales en provenance des États-Unis mais au prix de la perte d'un quart de ses forces.
En 1795, après une attaque surprise des Pays-Bas en hiver, la France crée la République batave. La Prusse et l'Espagne décident de faire la paix et l'Espagne signe le traité de Bâle le 22 juillet 1795 qui cède la rive gauche du Rhin à la France et provoque le retrait des armées françaises d'au-delà des Pyrénées. Cela met fin à la période de crise de la Révolution et la France put se sentir libre de toute menace d'invasion pour de nombreuses années.
La Grande-Bretagne tente de soutenir les rebelles vendéens mais échoue et, à Paris, une tentative de renverser le gouvernement par la force fut mise en échec par la garnison menée par Napoléon Bonaparte, conduisant à l'établissement du Directoire.
Sur la frontière du Rhin, le général Pichegru, chargé de négocier avec les royalistes en exil, trahit son armée ce qui entraîne l'évacuation de Mannheim et l'échec du blocus de Mayence par Jourdan.
La campagne d'Italie
Pour la campagne de 1796, Carnot élabore un plan destiné à venir à bout de l'Autriche. Les armées de Sambre-et-Meuse sous le commandement de Jourdan et de Rhin-et-Moselle, sous le commandement de Moreau, doivent marcher sur Vienne tandis que celles des Alpes sous le commandement de Kellermann et d'Italie sous le commandement de Schérer seraient chargées de fixer une partie des effectifs autrichiens, pour soulager le front central. Une armée d'Irlande, concentrée à Brest, sous le commandement de Hoche, est chargée de la Grande-Bretagne. Le Directoire remplace Schérer par Bonaparte le 2 mars 1796. Finalement, c'est ce dernier, qui décide du sort de l'Autriche, avec une armée de 38 000 hommes mal équipés. Il entame une offensive contre le Piémont et bat les Austro-Sardes d'Eugène-Guillaume Argenteau à Montenotte le 12 avril. Le général Augereau remporte une victoire sur le général Provera à Millesimo le 13 avril et permet de séparer définitivement les forces piémontaises des forces autrichiennes. Bonaparte remporte une nouvelle victoire contre Argenteau à Dego le 14 avril et contre les Piémontais de Colli à Mondovi le 24 avril. Cette dernière défaite piémontaise contraint le roi de Piémont-Sardaigne à demander l'armistice qui est signé à Cherasco le 28 avril. Au traité de Paris signé entre la France et le royaume de Sardaigne le 15 mai 1796, ce dernier cède la Savoie, le comté de Nice, Tende et Beuil.
Bonaparte entame la poursuite de Beaulieu, écrase son arrière-garde sur l'Adda à Lodi le 10 mai et entre à Milan le 15 mai. L'Autriche perd ainsi le Milanais. Bonaparte poursuit son avantage et vient assiéger Mantoue, clef de la route des Alpes, le 30 mai. Les ducs de Parme et de Modène sont contraints de signer un armistice et les États pontificaux acceptent une convention le 23 juin. Jourdan et Moreau, de leur côté, sont moins heureux. Jourdan passe le Rhin le 31 mai mais il est repoussé par l'archiduc Charles. Moreau passe le Rhin le 24 juin et atteint Munich. Finalement, Jourdan s'empare de Cologne et de Francfort mais ne rejoint pas les forces de Moreau. L'archiduc Charles en profite et les attaque séparément. Il remporte deux victoires contre Jourdan, le contraignant à repasser le Rhin et tente de couper la retraite de Moreau, en vain, mais ce dernier repasse le Rhin à Huningue le 26 octobre. L'archiduc Charles finit par s'emparer de Kehl et d'Huningue, les deux têtes de pont françaises sur le Rhin. Dans le même temps, la France signe un traité d'alliance avec l'Espagne, le traité de Saint-Ildefonse, le 18 août. Cela contraint les Britanniques à évacuer la Corse. En revanche, l'expédition française vers l'Irlande afin de soutenir Wolfe Tone à soulever le pays, se solde par un échec. La flotte française est dispersée par une tempête.
Le fait que Vienne parvienne à contenir les offensives françaises dans le Saint-Empire lui permet d'envisager de porter de l'aide aux assiégés de Mantoue. L'armée de Wurmser est envoyée au secours des assiégés mais elle est battue à Castiglione le 5 août et à Bassano le 8 septembre. Bonaparte parvient même à enfermer Wurmser dans Mantoue. Le général français ne tient plus compte des ordres du Directoire et organise l'Italie à son gré. Il crée ainsi une République cispadane le 15 octobre 1796 à partir du duché de Modène et des Légations de Romagne. Vienne envoie une nouvelle armée de secours en Italie sous le commandement d'Alvinczy mais elle est battue à Arcole du 14 au 17 novembre et à Rivoli le 14 janvier 1797. Ces échecs successifs contraignent Mantoue à la reddition si bien que la route de Vienne est libre. Le 19 février 1797, Bonaparte signe le traité de Tolentino avec les États pontificaux selon lequel le pape reconnaît l'annexion du Comtat Venaissin et d'Avignon ainsi que la perte de la Romagne au profit de la République cispadane.
Bonaparte reprend l'offensive contre l'Autriche dont l'armée est désormais commandée par l'archiduc Charles, le 20 mars 1797. Il force le passage du Tagliamento puis le col de Tarvis. Au même moment, l'armée de Sambre-et-Meuse, commandée par le général Hoche, franchit le Rhin et remporte une victoire à Neuwied le 18 avril 1797. Ce même jour, alors que l'armée de Moreau s'ébranle à son tour, Bonaparte signe l'armistice de Leoben avec l'Autriche. Le 2 mai, il déclare la guerre à la république de Venise qui tombe le 12 mai. La république de Venise était destinée à devenir une monnaie d'échange avec l'Autriche. Celle-ci ne pouvait accepter à la fois la perte du duché de Milan et des Pays-Bas, si bien qu'il lui fallait trouver des compensations territoriales.
Le traité de Campo-Formio
Le traité de Campoformio est signé entre la France et l'Autriche le 18 octobre 1797. Il met fin à la guerre de la première coalition mais la Grande-Bretagne est encore en guerre contre la France. Le Directoire entendait se servir du duché de Milan comme d'un gage pour obtenir la rive gauche du Rhin mais Bonaparte en décide autrement. Il échange finalement le duché de Milan contre la République de Venise. Cette dernière est partagée entre l'Autriche, la République cisalpine et la France qui obtient les îles Ioniennes. L'Autriche obtient la Dalmatie, l'Istrie et la Vénétie ce qui lui donne un accès à la mer Adriatique. Elle doit reconnaître l'existence de la République cisalpine constituée à partir de l'ancien duché de Milan auquel se sont agrégés Brescia pris sur la république de Venise, le duché de Mantoue, le duché de Modène, la Romagne et de la Valteline et des comtés de Chiavenna et Bormio pris sur la Ligue grisonne. L'Autriche cède les Pays-Bas à la France et reconnaît l'annexion de la rive gauche du Rhin à l'exception de Cologne.
Des négociations de paix avaient été entamées avec la Grande-Bretagne mais elles achoppent sur la question des colonies. Le Directoire exige la restitution des colonies françaises et de ses alliés mais Londres refuse de lâcher Le Cap et Ceylan. La Grande-Bretagne poursuit la lutte contre la France et ne tarde pas à monter une Deuxième Coalition.
Chronologie
20 avril 1792 : le roi des Français déclare la guerre au roi de Bohème et de Hongrie.
20 mai 1792 : le royaume de Prusse déclare la guerre au roi des Français.
1er février 1793 : la République française déclare la guerre au royaume de Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies.
mars 1793 : début de la guerre de Vendée et de la Chouannerie.
7 mars 1793 : la République française déclare la guerre au royaume d'Espagne.
2 juin 1793 : début des insurrections fédéralistes.
décembre 1793 : les derniers fédéralistes sont vaincus.
19 janvier 1795 : fin des Provinces-Unies qui deviennent la République batave, alliée de la République française.
5 avril 1795 : traité de Bâle, le royaume de Prusse et la République française signent la paix.
22 juillet 1795 : second traité de Bâle, traité de paix entre le royaume d'Espagne et la République française.
15 mai 1796 : traité de Paris, le royaume de Piémont-Sardaigne et la République française signent la paix.
juillet 1796 : les Vendéens et les Chouans capitulent.
18 août 1796 : le royaume d'Espagne s'allie à la République française.
17 octobre 1797 : traité de Campo-Formio : la France annexe les Pays-Bas autrichiens, et signe la paix avec l'archiduché d'Autriche et le royaume du Portugal. Le royaume de Grande-Bretagne continue la lutte seul. Fin de la Première Coalition.