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14 avril 2016

Vie de Napoléon - Les Cent Jours

En France, Louis XVIII écarte « Napoléon II » et prend le pouvoir. Napoléon s’inquiète du sort de sa femme et surtout de son fils qui est aux mains des Autrichiens. Le gouvernement royaliste refuse bientôt de lui verser la pension promise et des rumeurs circulent quant à sa déportation vers une petite île de l’océan Atlantique sud. Napoléon décide donc de retourner sur le continent pour reprendre le pouvoir.


Les Cent-Jours est la période de l'histoire de France comprise entre le retour en France de l'empereur Napoléon Ier, le 1er mars 1815, et la dissolution de la Commission Napoléon II, chargée du pouvoir exécutif après la seconde abdication de Napoléon Ier, le 7 juillet 1815.

Du 1er au 20 mars 1815, c'est la reconquête du pouvoir par Napoléon, après son débarquement dans le golfe Juan et sa marche vers Paris. Cette période est surnommée « le vol de l'Aigle » par l'historiographie favorable à l'empereur. 


Du 20 mars au 22 juin 1815, c'est le second règne impérial de Napoléon Ier. Cette période voit le rétablissement du contrôle de l'administration et de l'armée par Napoléon, la modification de la Constitution avec l'Acte additionnel, et la reprise de la guerre contre les Alliés qui s'achève par la défaite française à Waterloo (Septième Coalition), et l'abdication de l'empereur. 


Du 22 juin au 7 juillet 1815, la Commission de gouvernement, établie à la suite de l'abdication, assure les pouvoirs exécutifs pour deux semaines, et laisse remonter sur le trône Louis XVIII, réfugié à Gand durant cette période, après l'occupation de Paris par les armées britanniques et prussiennes.



La condamnation à l’exil


En février et mars 1814, l'empereur Napoléon défend ses possessions, contre toute l'Europe coalisée. Les Alliés finissent par arriver devant Paris tandis que Napoléon veut les arrêter à Saint-Dizier. Mais il arrive trop tard et doit se replier à Fontainebleau.
Après sa défaite militaire, les maréchaux forcent l'empereur à abdiquer et il est déchu par le Sénat dès le 3 avril. L’intention de Napoléon était d'abandonner la couronne impériale à son fils (Napoléon II), mais les puissances alliées exigent une abdication inconditionnelle, qu'il signe le 6 avril 1814. Les Coalisés le condamnent à l'exil sur l'île d'Elbe.


Le 20 avril ont lieu les « Adieux de Fontainebleau ». Napoléon embarque à Saint-Raphaël et, arrivant à Portoferraio le 3 mai, y débarque le 4. Ce même jour, Louis XVIII fait son entrée à Paris.



Le voyage de retour

Le traité de Fontainebleau n'est pas respecté, la rente n'est pas payée et Napoléon apprend qu'au Congrès de Vienne, il est question de l'exiler aux Açores ou sur l'Île Sainte-Hélène. D'autre part, son favori Cipriani, envoyé en Autriche fin 1814, lui apprend la trahison et l'infidélité de son épouse Marie-Louise. Pour Napoléon, le départ est inéluctable.


Le 1er mars, le débarquement, prévu à Saint-Raphaël, se fait à Vallauris. C'est en plein jour, au vu et au su de tous, que l'opération se déroule, devant les douaniers surpris. Un premier bivouac est installé sur le rivage de ce qui est désormais Golfe-Juan.


Napoléon a prévenu le général Cambronne, qui commande l'avant-garde, de ne tirer aucun coup de fusil. La surprise et la rapidité sont les moyens essentiels de la réussite de cette opération. À la nuit, Napoléon arrive à Cannes par les dunes. 


Le 2 mars, 64 km sont effectués jusqu'à Séranon où la troupe bivouaque dans la neige à plus de 1 000 mètres.


Le 3 mars, dès l'aube elle se met en marche pour atteindre Castellane. Napoléon est accueilli à la sous-préfecture.


Le 4 mars, par le col de Corobin, la troupe descend à Digne-les-Bains où elle retrouve la route qui court le long de la Bléone. Pendant que la petite armée bivouaque dans les jardins du château de Malijai, au confluent de la Bléone et de la Durance, Cambronne est parti en avant pour Sisteron.


Au petit matin du 5 mars, Napoléon se met en route par L'Escale et Volonne sur la rive gauche de la Durance, puis pénètre à Sisteron par la porte du Dauphiné.


Le 6 mars, la troupe quitte Gap. 


Le 7 mars, jour le plus long, l'armée se met en route pour Grenoble. Cambronne marche avec quelques heures d'avance avec une compagnie de grenadiers et quelques estafettes polonaises. Il a ouvert la route en empêchant des soldats royalistes venus de Grenoble pour faire sauter le Pont-Haut, à l'entrée de La Mure, d’accomplir leur mission. Le général Marchand qui commande à Grenoble est décidé à arrêter Napoléon et à l'enfermer au fort Barraux. Il a envoyé le bataillon du commandant Lessard qui a pris position à Laffrey, défilé étroit entre la colline et le lac. C'est là que se déroule à la « Prairie de la Rencontre », ainsi nommée par Stendhal, la scène où Napoléon ouvrant sa redingote s'avance devant les soldats royalistes et leur crie : « Soldats du 5e ! Reconnaissez votre empereur ! S'il en est qui veut me tuer, me voilà ! ». Les soldats du 5e d’infanterie de ligne se rallient.


La rampe de Laffrey descend sur Vizille où Napoléon passe devant le château de Lesdiguières. Il monte ensuite sur le plateau de Brié-et-Angonnes où il rencontre au hameau de Tavernolles le 7e régiment d'infanterie de ligne commandé par La Bédoyère venu à sa rencontre et qui se rallie également à Napoléon. L'empereur redescend vers Eybens où une longue ligne droite mène à Grenoble et à la porte de Bonne que le général Marchand tient close. Il faut des heures pour que la population parvienne à l'enfoncer et c'est à la nuit que Napoléon entre place Grenette acclamé par la foule. Deux jours passés dans la ville de Grenoble ont permis à l’empereur de recevoir les autorités, d’édicter les premiers décrets et d’envoyer, par Turin, un courrier à Marie-Louise, lui donnant rendez-vous à Paris.


Le 9 mars, dans l’après-midi, la colonne quitte Grenoble par la porte de France. Après un arrêt à Voreppe, nouvelle halte à Moirans, la troupe se remet en route et arrive à Bourgoin-Jallieu à trois heures, ville que Napoléon quitte finalement à quinze. 


Le 10 mars, c'est l'entrée triomphale dans Lyon que le comte d'Artois, frère de Louis XVIII, aidé du maréchal Macdonald, aurait voulu défendre en barricadant le pont de La Guillotière. 


Le 11 mars à Lyon, Napoléon passe en revue des troupes. 


Il envoie un nouveau courrier à Marie-Louise le 12 mars, et promulgue 11 décrets.


Le 13 mars, départ de Lyon à 13 h par Villefranche-sur-Saône où il est reçu à 15 h par 60 000 personnes assemblées. Il est à Mâcon le soir. Le préfet Auguste-Jean Germain de Montforton s'est enfui la veille, après avoir publié un libelle injurieux. La Garde l'a[pas clair] rejoint par coche sur la Saône.


Le 15 mars, départ de Chalon-sur-Saône, il prend la route de la Bourgogne, passe par Autun. Dans la nuit, le baron Passinges, un officier d'ordonnance du maréchal Ney qui est à Lons-le-Saunier, vient lui annoncer le ralliement de ce dernier.


Le 16 mars, départ d'Autun, pour se diriger vers Avallon par Chissey-en-Morvan. 


Le 17 mars, Napoléon quitte Avallon, direction Auxerre, où il loge à la préfecture auprès du préfet Gamot, beau-frère du maréchal Ney. 


Le 18 mars, l'empereur et le maréchal se rencontrent. La défection du maréchal Ney fait forte impression dans la capitale. La Garde, arrivée à Chaumont, aux ordres du maréchal Oudinot, rejoint Napoléon. À Auxerre, Napoléon écrit à Marie-Louise sa troisième lettre depuis son départ de l'île d'Elbe.


Le 19 mars, Napoléon a organisé la dernière étape qui le conduit à Paris. D'Auxerre à Sens par Joigny, pendant que l'empereur galope, l'armée abandonne le roi. À Sens, le maire, François de Laurencin, vient se présenter. L’empereur, qui redoute une révolution sanglante dans la capitale, lui dit : « Les avant-postes sont aux mains. Il n'y a pas un moment à perdre pour empêcher le sang de couler, et ma présence seule peut tout rallier ».
Cette nuit-là, Louis XVIII part pour Beauvais. Le duc de Berry et le maréchal Marmont, qui commandait la maison du Roi, forment l'escorte. Tous les ministres partent dans la nuit. Le maréchal Macdonald fait passer l'ordre aux troupes du roi de se replier vers Saint-Denis pour se rendre à Beauvais. À la nuit, Napoléon et sa suite arrivent à Pont-sur-Yonne.


Arrivé à Fossard, l’empereur trouve les hommes du 13e dragons de l'armée du duc de Berry. Les officiers sont partis tandis que les simples dragons préfèrent rallier l'armée de l'empereur. Dans la nuit, en route pour Melun où il croit trouver l'armée du duc de Berry, voyant les troupes échelonnées sans officiers, Napoléon décide de rentrer à Fontainebleau et bifurque par Moret-sur-Loing. Napoléon est toujours inquiet croyant Louis XVIII à Paris et redoutant un soulèvement populaire. Arrivé à Fontainebleau, la ville dort mais le château est illuminé.


Le 20 mars, le général Haxo qui pense rejoindre Louis XVIII, trouve les Tuileries quasiment désertes. À 7 h, Lavalette a pris la direction de la Poste et prévient les maîtres de postes que l'empereur sera là avant deux heures et donne l'ordre de ne plus fournir de chevaux sans autorisation. Lavalette interrompt la publication du Moniteur universel. Aux Tuileries, le ministre des Finances laisse 50 millions dans les coffres. L'empereur est en route pour Paris.



À Paris à 2 h 20, le drapeau tricolore flotte aux Tuileries, sur le dôme de l'Horloge aux Invalides à 2 h 30. À 2 h 45, au lycée Louis-le-Grand, Sadi Carnot par la fenêtre voit le drapeau hissé au sommet de la colonne Vendôme. Napoléon entre dans la capitale : à neuf heures du soir il est dans la cour du château des Tuileries et il constitue aussitôt son gouvernement. La « révolution du 20 mars » s'appuie plus sur un ralliement militaire qu'un soutien populaire, si bien que certains historiens comme Thierry Lentz considèrent que cette reprise du pouvoir avec initialement 900 hommes est un Coup d'État militaire.



Les réactions au retour de l'empereur


Le 18 mars, aux Pays-Bas, le prince d’Orange, souverain des Pays-Bas depuis quelques mois, publie une patente où il déclare prendre les titres de roi des Pays-Bas et duc du Luxembourg. À Bruxelles, il passe en revue les troupes, qui lui prêtent serment. La foule regarde passer l'état-major hollandais et vers le soir, les troupes descendent, ouvrir la voie aux alliés anglais annoncés. Ils passent par une chaussée pavée dans un village, comme tous les autres villages, Waterloo.


Les généraux Maison et Dessolles, fidèles au roi, viennent dire à Blacas, favori du roi, qu'ils se tiennent prêts à sacrifier leur vie en attaquant Napoléon. Mais que leur résistance ne serait jamais pardonnée et qu'en cas d'échec ils perdraient leur fortune et devraient s'exiler. Il leur fut compté à chacun 200 000 francs. La Bourse de Paris tombe à 66 francs contre 78 le 5 mars.

Autre débandade, chez les Libéraux, anciens conventionnels, ralliés et assis entre deux chaises, on s'esquive : La Fayette rentre en Auvergne. Madame de Staël ferme son salon.


Dans ce désarroi, Chateaubriand suggère de se ranger autour du roi pour se faire égorger. Seule Juliette Récamier garde la porte ouverte et Benjamin Constant, qui vient de terminer son Adolphe, écrit un article qui paraîtra dans Le Journal des débats : « Il reparaît, cet homme teint de notre sang ! cet Attila… »


Le 18 mars, en Italie, Murat se met en marche pour Rome.


Le 20 mars, à Vienne, en Autriche, l'Aiglon s'apprête à fêter ses 4 ans. À l'annonce du débarquement de son père, on lui a fait quitter le château de Schönbrunn pour le palais froid de la Hofburg plus facile à surveiller. Les sentinelles sont doublées et habillées en domestiques, avec ordre de surveiller les trois Français qui restent et qui ne vont pas tarder à partir, Madame de Montesquiou, Méneval et Bausset.



Le général Neipperg fait ses adieux à Marie-Louise et part prendre la tête d'une division en Italie contre le beau-frère Murat.
Ce même jour, à Londres, à la Chambre des communes, Samuel Whitbread, leader des Whigs, opposants à la lutte contre la France, se lève pour poser des questions au tout puissant Castlereagh, Premier ministre, qui vient de rentrer du Congrès de Vienne. « Est-ce bien le moment de relancer l'Angleterre dans une guerre sur le continent qui achèvera de nous épuiser ? Votre célèbre assemblée de Vienne a tant fait qu'elle a ramené Bonaparte sur la scène politique, elle l'y ramène investi d'une nouvelle force morale sur ses adversaires. Je voudrais savoir si les Puissances n'ont pas donné elles-mêmes à Bonaparte des sujets légitimes de plainte ? Le traité de Fontainebleau a-t-il été violé ? A-t-on refusé de payer la pension qu'on lui avait promise ? A-t-on essayé d'enlever au jeune fils de Bonaparte les duchés de Parme ? Si Bonaparte triomphe, il est vraisemblable que de grands revers lui auront mieux appris à juger ses véritables intérêts et que par conséquent, l'Angleterre pourrait rester en paix avec lui. »



La situation intérieure

Si la France en général accepta le retour de l'empereur, des remous agitèrent quelque peu la Vendée, ce qui contraignit Napoléon à envoyer 10 000 soldats dans la région pour maintenir l'ordre, soldats qui feront cruellement défaut par la suite. D'autres départements français connurent des troubles comme le département de l'Aveyron, par exemple.
D'autre part, par la loi du 29 mars 1815, Napoléon supprimera la traite des Noirs « sans restriction », ainsi que la vente des Noirs dans toutes les colonies françaises. Louis XVIII renouvellera l’abolition « sans réserve et pour toujours », par un article supplémentaire conclu avec l’Angleterre le 20 mars 1815, et par l’ordonnance royale du 8 janvier 1817, que viendra confirmer la loi du 15 avril 1818. Cette dernière loi prononcera la confiscation des navires pris en flagrant délit de traite des noirs et l’interdiction de leurs capitaines.



La situation extérieure: situation et nombre des puissances liguées contre la France



Selon certains historiens, Napoléon avait calculé les distances et les temps et pensait rencontrer ses adversaires successivement, presque à forces égales, sur tous les champs de bataille. Dans ce cas de figure, son habileté devait rétablir l’équilibre, et lui donner de bonnes chances de succès.




En effet, dès le mois d’avril 1815, les armées russes repassent le Niémen, celles de la Prusse et de l’Autriche sont en partie sur le pied de paix. La plupart des corps prussiens occupent la rive droite de l’Elbe, et une bonne partie de l’armée autrichienne tient garnison dans le royaume de Naples. Les Anglais ont la moitié de leurs forces en Amérique.



Les armées de la Russie, de l’Autriche, de la Prusse et de l’Angleterre, ne pouvaient être complétées chacune à 150 000 hommes (suivant les conventions faites entre ces puissances), et rendues sur les frontières de la France que vers la fin du mois de juillet. L’armée anglaise, renforcée de celle de Hanovre, ne pouvait compter que 80 000 hommes. Les contingents de Hollande et Belgique, de Nassau, de Danemark, des maisons de Saxe, de Bavière, de Hesse, de Bade, de Wurtemberg, devaient se fondre dans les armées des quatre grandes puissances.
Au commencement de juin il n’y avait que les armées des généraux Blücher et Wellington qui fussent en mesure de se battre; elles présentaient une force disponible de 200 000 hommes. 

Les forces combinées contre la France, représentaient :



Nationalité Effectifs
Autrichiens en Italie 159 000
Autrichiens en Allemagne 150 000
Russes 280 000
Prussiens 220 000
États d'Allemagne 150 000
Hollandais 50 000
Britanniques 59 000
Total : 1 068 000






Le dernier plan de l'empereur

Napoléon, vaincu mais pas abattu, pense déjà à sa revanche. Le 19 juin, il écrit à son frère Joseph pour lui annoncer son plan de campagne. Il se fait fort de rassembler 150 000 hommes de troupes de ligne, 100 000 fédérés et gardes nationaux, 50 000 hommes des dépôts. Si Grouchy le rejoint avec ses 50 000 hommes, il aura plus de 300 000 soldats à opposer à l'ennemi, avec « les chevaux des calèches pour tirer les pièces de l'artillerie ». Ensuite, une levée en masse dans les provinces de l'Est : « Je submergerai l'ennemi. »


Projet vaste, mais illusoire : son échec devant les Chambres lui montre que le pays ne le suit plus.



Retour à Paris 


« L’empereur arriva le 20 juin à Paris. Son intention fut de réunir les Chambres en séance impériale, de leur peindre les malheurs de l’armée, de leur demander les moyens de sauver la patrie, et ensuite de repartir. C’est alors qu’il apprit avec surprise que les Chambres, à la nouvelle des désastres de Mont Saint-Jean, augmentés par la malveillance et le rapport inexact du maréchal Ney, avaient montré des dispositions hostiles que françaises ; que les esprits, dirigés par la faction des faux républicains, étaient dans une grande agitation ; qu’il était à craindre que les représentants ne répondissent point à l’attente du prince, et qu’il eût mieux valu ne point se séparer de l’armée, qui faisait sa force et sa sûreté. Mais l’empereur croyait et devait croire que sa présence contiendrait les perturbateurs. » — C. Mullié


Or, la Chambre vota sous les applaudissements un texte qui proposait de lui donner des pouvoirs constitutionnels supérieurs.


« L'arrivée de ce message interrompit le conseil et l’empereur, après la lecture de cette déclaration, leva la séance : toutefois, il prescrivit en même temps à Regnauld de se rendre à la Chambre, de lui annoncer qu’il était de retour, qu’il venait de convoquer le conseil des ministres ; que l’armée, après une victoire signalée, avait livré une grande bataille, que tout allait bien, et que les Anglais étaient battus lorsque les malveillants avaient causé une terreur panique ; que l’armée se ralliait ; que lui était venu pour se concerter avec ses ministres et avec les chambres, et qu’il s’occupait en ce moment des mesures de salut public qu’exigeaient les circonstances.
Carnot, par ordre de l’empereur, porta en même temps la même communication à la Chambre des pairs, et elle y fut reçue avec le calme et le respect convenables ; mais Regnauld, moins heureux, ne put modérer l’impatience des représentants qui, par un nouveau message, renouvelèrent impérieusement aux ministres l’invitation de se présenter à la barre.
Napoléon, choqué de voir que la Chambre s’arrogeât des droits qui ne lui appartenaient pas sur ses ministres, leur défendit de s’y rendre ; mais, fatigué d’entendre la relation qui était faite du bruit et du tumulte inconvenant qui s’en était suivi à l’Assemblée, il les autorisa à prévenir le président de leur prochaine arrivée ; néanmoins, ne voulant pas laisser croire qu’ils obéissaient aux injonctions de la Chambre, il les y députa comme chargés d’un message impérial, et les fit accompagner par Lucien, qui, après avoir déposé sur le bureau les pouvoirs et le message de l’empereur, demanda un comité secret pour entendre les ministres. Les tribunes étant évacuées, on lut le message de Sa Majesté qui annonçait la perte de la bataille, et nommait Caulaincourt, Fouché et Carnot, commissaires pour traiter de la paix avec les alliés.
Cette lecture ne fut point interrompue ; mais à peine fut-elle terminée, que, de toutes les parties de la salle, des interpellations aussi absurdes qu’insignifiantes furent adressées aux ministres, et portèrent en un instant la confusion dans les délibérations de l’Assemblée.
Le trouble étant un peu apaisé, Lacoste, l’un des plus emportés, parvint à se faire entendre, et, après s’être efforcé de faire voir que les ministres n’avaient en leur pouvoir aucun moyen de communication (...) »
— C. Mullié




Fin du règne de Napoléon



Napoléon abdique le 22 juin.


« Napoléon partit pour la Malmaison le 25, où il fut reçu par la princesse Hortense. Les souvenirs que lui rappela cette résidence lui causèrent une violente émotion. Joséphine n’existait plus. Là, tout lui rappelait les brillantes années du Consulat, les triomphes gigantesques de l’Empire. Que les temps étaient changés ! Les circonstances devenant de jour en jour plus critiques, on lui donna à entendre qu’il y allait de ses intérêts de s’éloigner et de quitter la France. Il demanda deux frégates pour se rendre aux États-Unis avec sa famille. La veille il avait refusé les offres d’un capitaine américain qui lui proposait de le transporter incognito, sur son vaisseau de l’autre côté de l’Atlantique.
Les deux frégates furent armées ; mais le gouvernement jugea convenable d’obtenir de Wellington des sauf-conduits pour la sûreté de ces navires, et le lieutenant-général Becker fut choisi pour devenir auprès de Napoléon le répondant de sa propre sûreté envers le gouvernement.
Cependant les sauf-conduits de Wellington n’arrivaient pas. L’ennemi était à Compiègne ; il n’y avait plus de temps à perdre. Napoléon promet enfin de partir sur-le-champ ; au même instant, un coup de canon se fait entendre (...)
Le jour suivant, après une longue discussion sur le parti qu’il devait prendre, quelqu’un lui proposa de se livrer aux coalisés, et de les désarmer par cet acte courageux de confiance aveugle (...) »
— C. Mullié

Napoléon quitte la Malmaison le 29 juin pour Rochefort.

Napoléon se réfugie à l'île d'Aix le 9 juillet et se rend volontairement aux Anglais le 15, espérant aller aux États-Unis. Mais le gouvernement britannique l'exile à Sainte-Hélène, un îlot désolé au milieu de l'Atlantique sud, avec quelques volontaires : les généraux Bertrand, de Montholon et le comte de Las Cases.




Conséquences

Des bandes ultra-royalistes pourchassèrent les bonapartistes, et plusieurs furent exécutés sans jugement : ce fut la Terreur Blanche. Louis XVIII retrouva le trône. La France perdit quelques places frontalières. Elle fut de nouveau en partie occupée, et dut payer aux Alliés une indemnité de guerre équivalente au budget annuel de l'État.


Les Cent-Jours ont certainement contribué à faire entrer Napoléon Bonaparte dans la légende. Lors de son premier exil, Napoléon avait quitté la France très impopulaire. Le peuple le rendait responsable des nombreux morts français de la campagne de Russie, de l'invasion de la France de 1814 et de toutes les calamités que celle-ci avait engendrées pour le peuple. Cependant la monarchie royale rétablie va très vite se rendre impopulaire auprès des Français, notamment en s'attaquant à l'héritage révolutionnaire français, dont Napoléon s'était toujours, lui, posé en garant. Finalement, avec le temps, les Français regrettent le départ de Napoléon pour Elbe.


Son retour ravive l'espoir national. Les Français l'accueillent en héros de la nation. Tout Paris est en liesse lorsqu'il revient triomphalement dans la capitale. Enfin, le retour de Napoléon donne vie au mythe napoléonien : l'empereur devient dans l'inconscient populaire comme éternel, jamais totalement vaincu. Même lorsqu'il abdiquera une seconde fois, au bout des Cent-Jours et sera exilé sur l'île de Sainte-Hélène, beaucoup mettront leur espoir en un retour prochain de l'empereur de Sainte-Hélène.