Elle est la fille aînée de Joseph-Gaspard de Tascher de La Pagerie, chevalier, seigneur de La Pagerie, et de Rose Claire des Vergers de Sannois, issue d'une famille de riches colons martiniquais. Ils exploitent une plantation de cannes à sucre sur laquelle travaillent plus d'une centaine d'esclaves africains. Elle tiendrait son prénom de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe (belle-fille de Louis XV et mère de Louis XVI Louis XVIII et Charles X) dont son père a été page ainsi que son jeune frère Robert-Marguerite que l'on appellera plus tard le baron de Tascher.
Marie-Josèphe-Rose est née le 23 juin 1763 aux Trois-Ilets, près de Fort-Royal (plus tard Fort-de-France) à la Martinique. Elle trichera toute sa vie sur la date de sa naissance pour se rajeunir. Les Almanachs impériaux indiqueront tous les ans la date du 24 juin 1768. Sa fille, la reine Hortense continuera à maintenir cette fiction.
Au cours de l'année 1777, François de Beauharnais (1714-1800), qui vit avec Désirée, la sœur de Joseph-Gaspard Tascher de La Pagerie, propose à ce dernier d'unir son fils cadet, le vicomte Alexandre de Beauharnais avec sa fille Catherine-Désirée Tascher de La Pagerie. Malheureusement, lorsque cette demande parvient aux La Pagerie, la jeune fille souhaitée vient de mourir, emportée par la tuberculose. Alexandre accepte alors la main de l'aînée Rose qui quitte son île natale pour l'épouser le 13 décembre 1779 à Noisy-le-Grand.
Si Alexandre cherche à se faire un nom et une situation prestigieuse, compensant ainsi le fait que les Beauharnais n'ont jamais été reçus à Versailles et n'ont donc jamais eu droit aux carrosses royaux, Rose va chercher sans relâche à s'élever, à compléter la médiocre éducation qu'elle a reçue chez les Dames de la Providence de Fort-Royal et à améliorer sa position sociale. Le mariage de Rose et d'Alexandre ne sera pas heureux, Alexandre multipliant les liaisons, dilapidant joyeusement sa fortune considérable (trois belles habitations à Saint-Domingue employant des centaines d'esclaves) et faisant porter à sa femme l'échec de leur mariage. Le couple se sépara dans des conditions difficiles en décembre 1785. Rose ira alors trouver refuge à l'abbaye de Penthemont où elle va parfaire son éducation au contact des nombreuses jeunes femmes de très bonne famille (Louise d'Esparbès, Bathilde d'Orléans, Louise de Condé, etc.) que leurs familles ont placées ici. Quand elle en sortira, elle ira s'installer chez son beau-père, le marquis de Beauharnais, à Fontainebleau où l'on prétend qu'elle suivra les chasses du roi Louis XVI et les beaux cavaliers qui y participent : le comte de Crenay, le duc de Lorge ou le chevalier de Coigny. En 1788, elle retournera à la Martinique voir si elle peut améliorer sa situation qui reste très préoccupante. Mais la Révolution qui éclate en 1789, et touche l'ile à partir de 1790, l'incite à regagner la France fin 1790 et Paris où son mari occupe maintenant la situation très en vue mais dangereuse de président de l'Assemblée constituante.
Cependant, le couple donna naissance à deux enfants :
- Eugène-Rose (1781-1824), vice-roi d'Italie, il épousa en 1806 Augusta-Amélie de Bavière (1788-1851), et fut à l'origine des ducs de Leuchtenberg dont plusieurs descendants épousèrent des monarques européens.
- Hortense Eugénie Cécile (1783-1837), qui épousa en 1802 un frère de Napoléon Louis Bonaparte, plus tard roi de Hollande, et fut la mère de Napoléon III et du duc de Morny.
La Révolution
Son mari est élu député aux États généraux en 1789, et ensuite président de l'Assemblée constituante (Révolution française), le 18 juin 1791, au moment de la fuite à Varennes, où il joue un rôle de premier plan. En septembre, la Constituante se dissout et Alexandre doit regagner les rangs de l'armée du Rhin où il ne manifestera pas de grandes capacités. Après la chute de Mayence en juillet 1793, chute qu'on lui attribue, il regagne son fief de la Ferté-Aurain avant d'être arrêté en mars 1794 sur l'ordre du Comité de sûreté générale et emprisonné à la prison des Carmes. Il sera guillotiné le 23 juillet 1794 peu avant la chute de Robespierre (Thermidor). C'est presque par miracle que sa femme évitera l'échafaud tant elle s'était (assez naïvement) exposée pour sauver des royalistes, bien qu'elle ait mis son fils Eugène en apprentissage chez un menuisier pour faire peuple. Emprisonnée en avril 1794 à la prison des Carmes, elle est relâchée le 6 août, grâce à l'intervention de Thérésa Cabarrus, marquise de Fontenay et pour l'heure épouse de Tallien.À sa sortie de prison, sa beauté et ses amitiés lui ouvrent les portes des salons à la mode. Elle est alors tellement pauvre qu'on la dispense, comme les autres, lors des soirées, d'apporter son pain comme cela se faisait alors. Malgré sa pauvreté, la citoyenne Beauharnais s'arrange toujours pour être bien mise, contractant des dettes dont elle règle les plus criantes en jouant probablement de ses charmes. Au fil des mois, elle s'arrange aussi pour récupérer les biens d'Alexandre grâce à Barras. A l'été 1795, elle va louer un petit hôtel particulier, rue Chantereine, à Paris, qui va lui permettre de mieux vivre « selon son rang ».
Nouant une grande amitié avec Thérésa Tallien, elle passe pour être une des « reines » du Directoire, et devient la maîtresse de Barras dont elle était éprise mais qui était déjà marié. Elle est alors une femme entretenue. Mais Barras, se détachant d'elle, cherche à s'en débarrasser et lui présente un officier en disponibilité, Napoléon Bonaparte, censé lui apporter une certaine stabilité financière et une position convenable dans le monde. La veuve Beauharnais accepte ce mariage sans amour de sa part, mais convaincue des capacités de son époux à se tailler une place dans les sphères les plus hautes du pouvoir. Celui-ci, très épris, jaloux et possessif, transforme le deuxième prénom de sa promise, Josèphe, en Joséphine pour ne pas avoir à prononcer un prénom prononcé par les amants de sa femme.
Joséphine épouse civilement Napoléon Bonaparte le 8 mars 1796 à Paris. Il a vingt-sept ans, elle en a officiellement six de plus. Les deux époux trichent tous les deux sur leur âge. Le surlendemain, Bonaparte, qui a été nommé par Barras général en chef de l'armée d'Italie, part prendre son commandement. Joséphine, qui reste à Paris quelques mois, va traficoter en tirant de substantiels revenus sur des marchés de fournitures plutôt douteux avec l'armée, afin de subvenir à ses goûts luxueux. L'entente avec sa belle-famille est des plus mauvaises ; la sœur préférée de Napoléon, Pauline, qui a le même âge qu'Hortense, l'appelle « la vieille ». Mais surtout Napoléon ne l'a pas encore présenté à sa mère, qui, pour le moment, habite Marseille.
Leur vie de couple sera orageuse sous le Directoire, à cause des infidélités chroniques de Joséphine (surtout avec le capitaine de hussards Hippolyte Charles). Pendant plusieurs mois elle refuse de quitter Paris pour suivre Napoléon, qui a entrepris la première campagne d'Italie. Par la suite, la situation s’inversera, Napoléon ne répugnant pas à prendre des maîtresses dans l'entourage de son épouse, et Joséphine, qui ne l'ignorait pas, devant subir la présence de ses rivales.
Épouse du Premier Consul puis Impératrice
L'Empire s'annonce et, dès lors, Joséphine, qui ne peut avoir d'enfant, va tenter de régler le problème dynastique qui va se poser en mariant sa fille à son beau-frère Louis Bonaparte. Effectivement, en 1802, Hortense aura un premier fils, mais Louis refusera avec obstination que son frère ainé l'adopte, conduisant ainsi à la répudiation de sa belle-mère quelques années plus tard. En tant qu'épouse du Premier Consul, puis d'impératrice elle assume ses fonctions de « première dame » avec une aisance qui charme ses invités.
Le 18 mai 1804, le Sénat vote à l’unanimité l’instauration du gouvernement impérial, proclamant Napoléon empereur héréditaire des Français. Royaliste dans l'âme, Joséphine suppliera Napoléon de renoncer au trône (« Je t'en prie, Napoléon, ne te fais pas roi ! »), paroles peut-être aussi motivées par sa stérilité supposée. Après avoir épousé religieusement et discrètement Joséphine le 30 octobre au palais des Tuileries (Joséphine avait habilement profité de la présence du pape Pie VII pour glisser qu'ils n'étaient pas mariés religieusement), celui qui va s’appeler désormais Napoléon Ier est - le 2 décembre 1804 - sacré empereur en présence du pape Pie VII à Notre-Dame de Paris. C’est lui-même qui posa la couronne impériale sur la tête de son épouse Joséphine et qui la proclama impératrice.
Le divorce
Postérité
Parmi ses petits-enfants, on compte d'illustres souverains. En effet, par sa fille Hortense, elle est la grand-mère de l'empereur Napoléon III. Par son fils Eugène, marié à la fille du roi de Bavière, elle est la grand-mère d'une reine de Suède (la reine Joséphine), d'un prince consort de Portugal (le prince Auguste), d'une impératrice du Brésil (l'impératrice Amélie), d'un grand-duc de Russie (le grand-duc Maximilien) et l'ancêtre par voie féminine de beaucoup de têtes couronnées européennes actuelles (rois actuels de Norvège, Suède, Belgique, Luxembourg, Danemark et Grèce).